L’improvisation c’est l’art d’écouter. C’est ne jamais cesser d’écouter ni d’observer, ni même de penser en jouant.
Soi-même, comme un instrument vivant et pensant. Enquête dans mon estomac, dans mes poumons, dans ma voix, dans mon cerveau. Sur scène, n’être plus tout à fait un personnage tourmenté par une histoire, mais devenir un terrain vague où souffle la tempête de l’espace et du temps, voir des civilisations inconnues, trafiquer le cosmos, être une usine à récits inconscients, une mémoire plurielle, hybride.
Alors l’acteur·rice devient créateur·rice de sa partition comme un·e peintre, ou un·e poète·sse. Jouer comme on peint.
Je suis arrivée avec pour matière première la philosophie de Gilles Deleuze. Sa machine à penser, ses cours sur la peinture, sur le Baroque, ses mille concepts autour de la schizophrénie.
Notre question : qu’est-ce que cette philosophie peut bien « faire » au théâtre ?
Et nous voici improvisant autour de la figure du Fou, et nous posant comme lui (dans l’œuvre de Deleuze) des questions de ligne, de couleur, de pli et de repli, théorisant l’acmé du capitalisme, la catastrophe dans la matière, invoquant Mercure, la physique quantique, les larmes, la couleur, la conscience, l’Histoire…
Vous allez regarder et entendre des improvisations devenues partitions, et recelant une part importante d’inconnu à chaque représentation.
Marie Payen